Dimanche 16 mars 2025, l’émission La Presse au Rendez-vous sur TCHAD 24 a accueilli le Pr Mahamat Foudda Djourab, sociologue, anthropologue et maître de conférence à l’Université de N’Djaména. Deux sujets d’actualité ont marqué les discussions : la recommandation de la SENAFET sur le domicile conjugal et le bilan des 35 ans du MPS.
Domicile conjugal : Une recommandation qui divise
Lors de la récente Semaine Nationale de la Femme Tchadienne (SENAFET), une proposition a suscité de vives réactions : en cas de divorce, c’est l’homme qui devrait quitter le domicile conjugal. Pour le Pr Mahamat Foudda Djourab, cette mesure est contraire aux valeurs culturelles tchadiennes et risque d’engendrer de nouvelles tensions familiales.
« Dire que les hommes doivent quitter leur maison après un divorce, c’est une entorse à nos valeurs. Ce n’est pas à l’Occident de nous enseigner comment valoriser nos femmes. »
Il souligne que cette recommandation pourrait inciter certains hommes à ne pas inclure leurs épouses dans leur foyer principal, préférant les loger en location pour éviter d’être contraints de partir en cas de séparation.
Toutefois, il reconnaît que le Tchad a fait des progrès importants en faveur des femmes, notamment avec la gratuité des frais d’inscription universitaires pour les filles, une avancée unique en Afrique francophone.
Le MPS, 35 ans après : Un bilan mitigé
Autre sujet de débat : les 35 ans du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), au pouvoir depuis 1990. Selon le Pr Mahamat Foudda Djourab, si le parti a apporté la démocratie au Tchad, il s’est progressivement éloigné de ses idéaux fondateurs.
« La corruption est devenue un sport national. Le MPS originel portait la démocratie, mais il y a eu une rupture entre l’idéal du départ et la réalité actuelle. »
Il dénonce également le manque de suivi des engagements présidentiels. Il cite la récente visite du président Mahamat Idriss Déby Itno dans certains quartiers, où il a constaté l’état dégradé des routes. Mais selon lui, aucune décision immédiate n’a été prise pour y remédier.
« Il aurait dû prendre des décisions séance tenante pour donner du poids à sa déclaration. »
Le Pr Mahamat Foudda Djourab appelle à des réformes profondes, insistant sur la nécessité d’élections libres et transparentes, d’une meilleure répartition des responsabilités et d’une justice équitable.
Un débat révélateur des tensions au sein de la société tchadienne
Au-delà de ces deux thématiques, l’intervention du professeur met en lumière une société en mutation, tiraillée entre tradition et modernité, et confrontée à des défis politiques et sociaux majeurs.
Son message est clair : le Tchad doit trouver un équilibre entre ses valeurs culturelles et les évolutions contemporaines, tout en engageant des réformes pour garantir une meilleure gouvernance et une justice sociale plus équitable.
